vendredi, décembre 01, 2006

Le SIDA a 25 ans. Nous aussi. 

Nous n'avons pas de souvenir d'une époque où le sida n'aurait pas existé.

Pourtant, nous, jeunes de la diversité sexuelle, n'avons pas de souvenir d'une époque où le sida aura été plus absent de notre information quotidienne.

Qui se risque encore à parler du VIH/SIDA ou des IST en général, en dehors des grands rendez-vous annuels ? Et même l'année 2005, où le SIDA a été déclaré grande cause nationale, a été, à tous points de vue, d'une pauvreté impressionnante. Réduction des budgets associatifs, restriction de nos possibilités : face aux promesses et bonnes intentions affichées, il y a la multitude souterraine des coups bas qui ont rendu bon nombre d'actions impossibles. Alors qu'on sait pourtant que les contaminations au VIH sont à un niveau proche de celle des pires années qu'on ait vu par le passé.

Mais un scandale n'est pas encore assez dénoncé.
Celui de la responsabilité de l'Éducation Nationale.

Quelles formations aux IST ont les personnels encadrants de l'Éducation Nationale ? Aucune.

Ces personnes, proches de nous, dont, officiellement, une des missions est de nous éduquer à la responsabilité sexuelle, ne sont pas formées. Or, face aux centaines de milliers de cas d'IST existant en France actuellement, leur formation ne peut pas être une option. Encore faut-il qu'on leur donne en aval les moyens d'être efficaces. Les heures réglementaires d'éducation sexuelles ne sont pas utilisées à ces fins.

Quel établissement peut se targuer de mettre en oeuvre les 3 séances annuelles d'éducation sexuelle imposées par le Bulletin Officiel de l'Éducation Nationale n°9 du 17 février 2003 ? Aucun.

50% des lycées n'ont pas même de distributeur de préservatifs et ceux qui en ont les vendent à des prix 5 à 10 fois le prix de production. Connaissant la difficulté que peut encore représenter l'achat de préservatifs ou le simple fait d'avoir affaire à quelqu'un pour s'en procurer, de telles conditions sont inadmissibles.

Ces carences doivent être comblées car la sexualité est un élément fondateur de nos vies de jeunes adultes, une facette importante de ce que nous sommes. Le rejet de ces sujets vers la sphère du privé ne peut plus être d'actualité. Ce serait une hypocrisie face aux images accessibles à tous et toutes quotidiennement via la télévision, images pourtant dénuées de tout autre sens que marketing. On pourrait ainsi parler de sexe pour vendre un programme hertzien et parler régulièrement de sexualité serait exclu des programmes scolaires ?

Aujourd'hui, tout ce qui environne la prévention des IST et la sexualité en général est noyé d'incohérences. Il est plus que temps de prendre des positions claires et de se donner les moyens de les respecter. Les sujets ayant trait à la prévention et aux sexualités ne doivent plus être tabous.

Car ces tabous font des morts.

David et Aurélien, porte-parole de mOules-frItes
moules.frites@gmail.com

mOules-frItes
fédération nationale des associations LGBT jeunes et étudiantes
c/o MIE 50, rue des Tournelles 75003 Paris
http://www.moules-frites.org

Le communiqué de presse en PDF

écrit par Aurélien à 09:54

mardi, avril 13, 2004

The Dreamers / Les Innocents 

afficheUn film de Bernardo Bertolucci, 2003, d'après un roman de Gilbert Adair.
C'est très beau, plein de bonnes idées, le réalisateur s'est fait plaisir avec des bouts de films qui soulignent la culture de ses trois protagonistes.
Matthew est joué par le Michael Pitt qui m'avait tant fait baver dans Hedwig and the Angry Inch. Un grond blondinet perdu à Paris au moment où les rêves descendent dans la rue, il est conscient de la double chance qu'il a, vivre tout ça en direct, et échapper à la guerre du Viet Nam. Plus conscient en tout cas que
Théo (Louis Garrel), branleur parisien qui passe son temps à la Cinémathèque, révère Chaplin, collectionne les effigies de Mao mais se saoule avec des Bordeaux 1937, et se masturbe sur Lili Marlène, voire sur
Isabelle (Eva Green), sa soeur jumelle, une brune aux yeux bleux foncés magnifiques, au corps de rêve et aux rêves simples : elle veut aimer, un peu Matthew mais son frère pour la vie...

C'est d'une beauté à tomber par terre, sur des thèmes (politique, sexe, déracinement) qui me sont chers, et pourtant un goût d'inachevé sur mes lèvres en sortant, et pas seulement à cause de la fin - je ne veux rien dire, mais je trouve qu'il manque une conclusion. Je ne sais pas comment est le livre (que l'auteur a adapté en scénario), mais je trouve là où on picore, parfois un peu de profondeur n'aurait pas fait de mal.

J'y pense comme ça, mais un livre m'avait marqué au collège, Si les porcs avaient des ailes, traduit de l'italien, qui racontait le parcours politique et sexuel de deux adolescents dans les années 70 - très proche, donc. Je me suis fait confisquer le livre au collège, je ne l'ai jamais revu, on m'a dit qu'il était épuisé. À l'époque la politique m'intéressait moins que le sexe; on change peu, mine de rien.

écrit par Aurélien à 16:26

mercredi, mars 17, 2004

La jeune fille à la perle 

afficheGB. Un film de Peter Webber, d'après le roman de Tracy Chevalier. Avec : Colin Firth (Johannes Vermeer), Scarlett Johansson (Griet)

Delf, Pays bas, XVII siècle. Une jeune paysanne initiée à l'art par son père est envoyée au service de la famille d'un prestigieux peintre flammand, Vermeer.

Au premier abord La jeune fille à la perle ressemble à une simple romance mais ce n'est pas le cas. C'est avant tout un film sur l'art. Nous suivons l'histoire de Griet, une jeune servante sensible à la peinture, aux couleurs, malgré sa condition. Elle sera la muse d'un tableau somptueux, et la seule que le spectateur connaîtra "personnellement". Les autres personnages ne sont présents qu'à travers leur relation au tableau, ce qui, parfois, rend leurs attitudes improblables. On ne connaît d'eux qu'une seule facette, l'aggressivité d'un peintre concurrent, la jalousie du modèle détronée par sa servante. Du peintre lui même on n'apprend presque rien. Le personnage historique est mystèrieux, sa vie passablement méconnue, le scénario ne se confond donc pas en conjectures. Seule son intuition d'artiste est montrée, une intuition qui lui permet de placer son art au dessus des règles et des souffrances. Le film entier tend vers cette glorification de l'art. On ne veut pas nous parler de la vie XVII siècle, ni de celle de tel ou tel personnage, juste nous faire entrevoir à quoi ressemble la naissance d'une tableau. Pour cela le réalisateur a eu l'intelligence d'éviter le sentimentalisme, ce qui est particulièrement appréciable dans les relations entre le peintre et son modèle. Des intrigues secondaires plus ou moins interressanes mais qui ont l'avantage de faire progresser l'action sans détourner l'attention du tableau, rythment le film. Tout cela amène à une réflection sur l'art, la création, la beauté et sa valeur, qui n'est cependant que suggérée, car le réalisateur s'applique à n'appuyer sur aucun point, laissant peut être au spectateur l'opportunité de choisir ce qu'il préfère retenir de l'histoire. Et puis il y a l'image, soignée de façon à ce que les scènes de la vie quotidienne aient la même beauté picturale que les tableaux de maîtres, dont certains sont les originaux. Est ce là une vérité historique ? La question est ouverte. L'hypothèse permet en tout cas au film de se distinguer par son esthétisme.

écrit par Ilia à 12:05

mercredi, mars 10, 2004

Big Fish 

affiche2003. Un film de Tim Burton, adapté du livre de Daniel Wallace. Avec: Ewan McGregor (Ed Bloom jeune), Albert Finney (Ed Bloom senior), Alison Lohman (Sandra Bloom jeune), Jessica Lange (Sandra Bloom senior), Billy Crudup (Will Bloom), Marion Cotillard (Josephine), Helena Bonham Carter (Jenny/la sorcière).

Ed Bloom a vécu une vie extraordinaire. C'est en tout cas ce qu'il aime raconter à tout le monde. Son fils Will, excédé par ses mensonges, a quitté sa famille pour la France, où il vit avec Josephine qui porte leur premier enfant. Mais lorsqu'arrive la nouvelle de la mort prochaine de son père, Will se décide a découvrir la vérité sur cet homme qu'il ne connait pas.

Tim Burton est une légende à cause de son univers, de son style, de ses cheveux. Il n'empêche que La planète des singes était un mauvais film. Nous avions un peu peur que ce film marque le début d'un tournant dans sa filmographie. Heureusement il n'en est rien. Big Fish est le retour d'un cinéaste génial à son univers de prédilection. Tout y est, les monstres attendrissants, les sorcières et les blondes héroines. L'esthétisme des décors, l'humour et la tristesse. Les acteurs bien que pour la plupart nouveaux chez Burton, sont irréprochables. Billy Crudup joue très justement le fils en colère car il ne comprend pas. Ewan McGregor dans le rôle du jeune Ed Bloom a juste ce qu'il faut de décalé, de naif, d'émerveillé. Une foule de seconds rôles nait sous ses pas. Des personnages fantastiques et attachants. Un géant un peu idiot, un homme-loup-garou, des siamoises chanteuses... On notera les apparitions de Steve Buscemi, artiste déjà particulier chez les frères Coen, dans un rôle qui lui va bien, et Helena Bonham Carter, très intriguante en sorcière comme en jeune femme seule et triste. Enfin la surprise vient de Marion Cotillard. Douce comme une princesse dans ce film, ses grands yeux et le singularité de son visage lui confère le droit d'entrer dans le cercle des actrices burtoniennes.

Le casting n'est pas le seul élément spécial de ce nouveau Burton. En effet Big Fish est un film d'un genre différent. Il faut signaler tout d'abord que le scénario répond à la vie personelle du réalisateur, qui est devenu papa pendant le tournage et qui avait perdu son père juste avant. Pas étonnant que Burton se soit reconnu dans le roman de Daniel Wallace. La mort est un thème très présent dans l'oeuvre de Burton, mais elle n'a jamais eu l'apparence que revêt la mort dans Big Fish. La mort du créateur d'Edward aux mains d'argent, celle de Bella Lugosi dans Ed Wood sont tristes mais anecdotiques. Edward de Big Fish attend la mort. Et sa famille attend avec lui. Une mort dans un hopital, une mort réelle. Cette attente qui constitue le film est douloureuse pour le spectateur qui s'y reconnait et pour les personnages. Ce qui donne lieu à des scène poignantes. Les précédents Burton étaient d'un bout à l'autre des plongées dans un monde fantastique. Très largement inspirés du monde réel, celui n'avait pourtant aucune prise sur ces univers imaginaires. Big Fish est un montage parallèle entre un univers imaginaire, qui aurait pu être un film à lui seul, et le monde réel, le notre, celui qu'on ne voit jamais chez Burton, avec des hôpitaux et des répondeurs annonçant les mauvaises nouvelles. Ces deux sphères s'opposent comme s'opposent le père et le fils. Après avoir passé tant de films à se promener dans sa fantaisie, Tim Burton l'interroge et soulève les questions simples mais passionnantes qui donnent à la fin du film toute son intensité : où est la frontière, la différence, entre le réel et l'imaginaire, n'est-il pas préférable de s'abandonner à sa fantaisie...

Nous sommes sortis du film enchantés par la beauté des images et aussi désarmés qu'après Edward aux mains d'argent. Dans la rue, mon amoureux m'a dit : "Big Fish c'est un peu le Mulholland Drive de Tim Burton". En effet c'est peut être son film le plus abouti, à la fois synthèse et dépassement de son travail. La preuve que Burton est un grand artiste, qui sait évoluer et réfléchir sur son art.

écrit par Ilia à 15:24